Sur les coteaux escarpés de l’AOC Saint-Joseph, de nouvelles vocations continuent de naître. Camille Goudard, jeune vigneronne de 27 ans, incarne cette relève prometteuse. En 2023, elle fonde le Domaine Goudard et filles et sort ses premières cuvées l’été suivant. Portrait d’une femme passionnée par son métier.
Aux racines du domaine
Avant 2023, les parcelles étaient déjà cultivées. Le père de Camille apportait sa récolte à la Cave de Tain. C’est avec l’arrivée de sa fille que le domaine prend un nouveau tournant. « Dès le début de mes études, j’ai compris que je voudrais gérer mes propres vinifications, » nous confie-t-elle.
Camille a d’abord suivi un BTS VitiŒno à Beaune avant de poursuivre avec une Licence pro en alternance à Montpellier. Parallèlement à ses études, elle a acquis de l’expérience en travaillant sur des domaines locaux, mais aussi dans d’autres régions viticoles, comme l’Alsace et le Roussillon. Un parcours qui lui a permis d’explorer différentes approches et techniques de vinification, et de confirmer son choix de créer son propre domaine.
Les premiers pas de Camille
L’exploitation produit aujourd’hui trois vins rouges : un en IGP Collines rhodaniennes, deux autres en appellation Saint-Joseph. Elle s’étend sur 7 hectares, principalement sur coteaux, un terrain exigeant mais offrant un joli potentiel. « Avec de beaux raisins, normalement le travail est déjà en grande partie fait » explique-t-elle. En cave, elle préfère accompagner plutôt que trop intervenir. Elle aspire à produire des cuvées avec beaucoup de finesse, qui reflètent la typicité de leur lieu d’origine. Ce premier millésime en tant que vigneronne, elle en est fière. « C’était important de ne pas me louper » confie-t-elle. Camille a fait le choix de l’agriculture biologique, une démarche en accord avec ses convictions. « Pour moi, c’était une évidence de travailler en bio ». Pourtant, cette transition n’est pas sans défis, notamment sur les parcelles en pente.
Ses premiers pas en tant que vigneronne lui ont fait prendre pleinement conscience de certaines difficultés : la lourdeur administrative, la pénibilité du travail sur coteau, la recherche de main-d’œuvre qualifiée,… Heureusement, Camille n’est pas seule dans cette aventure. Elle bénéficie du soutien de sa famille, de ses amis et de la communauté vigneronne locale.
Les projets
Cette vigneronne ne manque pas de projets pour l’avenir, à commencer par la création d’une cuvée en blanc. Des vignes seront plantées dans les prochains mois sur une surface de 0,5 hectare. Elle aspire à gérer le domaine avec plus de sérénité à mesure qu’elle gagne en expérience. Sa sœur devrait également bientôt rejoindre l’aventure, dès que les finances le permettront.
Même dans le contexte actuel difficile, Camille pense que si on est bien entouré et que l’on a envie de se lancer dans l’aventure viticole, il faut le faire pour ne pas avoir de regrets. « Les enjeux climatiques mettent beaucoup d’incertitudes, et c’est ça qui me fait le plus peur, » admet-elle. Malgré ces défis, elle reste déterminée à poursuivre sa vocation.
Cécile De Blauwe